Depuis un an, il est devenu difficile
d'imaginer le Japon sans y associer un sentiment de perte et de
catastrophe, sans que vienne s'interposer entre nous et le pays les
images terribles associées au tsunami et à l'après Fukushima.
Paradoxalement, en voulant traiter du concept japonais de Shibusa,
qui met en avant la beauté des choses de la vie quotidienne, Monty
Adkins parvient à rentrer en résonance avec ces interférences
historiques, et à en tirer des ambiances aussi dépouillées que
positives. Pas de pathos sur un titre comme « Sendai
Threnody », qui aurait pu virer à la mélodie tire-larmes mais
qui, entre les clarinettes sobres de Jonathan Sage et Heather Roche
et de subtils éléments électroniques, évoque davantage le soleil
revenu sur les ruines que les moments apocalyptiques qui ont précédé.
Ailleurs sur l'album, Adkins développera ce sentiment de tranquille
renaissance sur trois autres titres où les mélodies liquides se
fondent dans des structures précises et délicates, où l'ambient
peut ouvrir sur des passages de glitches plus âpres (le splendide
« Kyoto Roughcut ») pour mieux céder la place à des
sonorités organiques. Travail d'orfèvre, qui confirme tout le bien
que l'on avait pensé du précédent album de Monty Adkins,
fragile.flicker.fragment, Four Shibusa est un grand moment d'osmose
entre l'électronique et l'humain, entre le spirituel et le
quotidien.
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