mardi 6 mars 2012

PHILIPPE PETIT : Oneiric Rings on Grey Velvet (Aagoo)

            Premier volet d'une trilogie en cours intitulée 
« Extraordinary Tales of a Lemon Girl », Oneiric Rings on a Grey Velvet est pour Philippe Petit l'occasion de se frotter une nouvelle fois à ses influences extra-musicales qui, de David Lynch à Shinya Tsukamoto n'ont de cesse de fournir le terreau sur lequel Philippe Petit fantasme et réinvente un monde qui, finalement, n'appartient qu'à lui. Ici, c'est à James Joyce, Lewis Carroll et aux gialli italiens qu'il rend hommage, livrant la B.O des aventures d'une Alice shootée aux hallucinogènes qui n'aurait traversé le miroir que pour se retrouver poursuivie par un tueur ganté et cagoulé dans un décor de rideaux rouges et de lumières blafardes. Comme toujours, il y a du drame, chez Philippe Petit, et la fille-citron du titre va en voir de toutes les couleurs dans des constructions menaçantes et inventives qui tiennent autant de la fantaisie victorienne décalée (mais après tout, le véritable Lewis Carroll ne nourrissait-il pas lui-même des goûts douteux envers les petites filles ?) que de la musique de film d'horreur, et nous entrainent dans un train fantôme qui ne s'arrête jamais et où tous les visiteurs (sauf vous ?) pourraient bien être morts. On a beau chercher, il n'y a guère d'équivalent à un album comme Oneiric Rings on Grey Velvet dans la production actuelle même si, par moments, la démarche de Philippe Petit pourrait faire penser à celle de Nurse With Wound dans ses moments les plus sérieux ou au Manorexia de J.G. Thirlwell. Reste à espérer, pour la Lemon Girl coincée dans ce cauchemar, que les deux volumes à venir lui offriront un certain répit, même si on aurait tendance à souhaiter – pour notre propre plaisir sadique – tout le contraire !

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