Premier
volet d'une trilogie en cours intitulée
« Extraordinary Tales
of a Lemon Girl », Oneiric Rings on a Grey Velvet est pour
Philippe Petit l'occasion de se frotter une nouvelle fois à ses
influences extra-musicales qui, de David Lynch à Shinya Tsukamoto
n'ont de cesse de fournir le terreau sur lequel Philippe Petit
fantasme et réinvente un monde qui, finalement, n'appartient qu'à
lui. Ici, c'est à James Joyce, Lewis Carroll et aux gialli italiens
qu'il rend hommage, livrant la B.O des aventures d'une Alice shootée
aux hallucinogènes qui n'aurait traversé le miroir que pour se
retrouver poursuivie par un tueur ganté et cagoulé dans un décor
de rideaux rouges et de lumières blafardes. Comme toujours, il y a
du drame, chez Philippe Petit, et la fille-citron du titre va en voir
de toutes les couleurs dans des constructions menaçantes et
inventives qui tiennent autant de la fantaisie victorienne décalée
(mais après tout, le véritable Lewis Carroll ne nourrissait-il pas
lui-même des goûts douteux envers les petites filles ?) que de la
musique de film d'horreur, et nous entrainent dans un train fantôme
qui ne s'arrête jamais et où tous les visiteurs (sauf vous ?)
pourraient bien être morts. On a beau chercher, il n'y a guère
d'équivalent à un album comme Oneiric Rings on Grey Velvet dans
la production actuelle même si, par moments, la démarche de
Philippe Petit pourrait faire penser à celle de Nurse With Wound
dans ses moments les plus sérieux ou au Manorexia de J.G. Thirlwell.
Reste à espérer, pour la Lemon Girl coincée dans ce cauchemar, que
les deux volumes à venir lui offriront un certain répit, même si
on aurait tendance à souhaiter – pour notre propre plaisir sadique
– tout le contraire !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire