A l’instar d’un nombre sans cesse
croissant d’explorateurs sonores, c’est à la guitare électrique
que se consacre essentiellement le compositeur et architecte
néerlandais Zeno van den Broek sous l’identité de Machinist.
Mais, et c’est d’ailleurs souvent le cas, ce ne sont pas les
capacités mélodiques de la guitare qui l’intéressent, mais bien
plutôt ses possibilités texturales, son affinité avec le drone.
Sur Of What Once Was, Machinist réunit deux longues pièces
(respectivement de plus de vingt et trente minutes) unifiées par
cette source instrumentale quasi unique. Avec « Mono Tone in
D. », il rend ainsi un hommage à la « Symphonie
Monotone » d’Yves Klein, une performance au cours de laquelle
le plasticien avait fait jouer une note unique et soutenue à un
orchestre de chambre pendant vingt minutes, avant de commander une
durée égale de silence. Partant d’un principe proche, Machinist
construit donc un titre sur une note unique, où seules les
variations de résonance et de durée viennent agiter la surface,
créer des micro-rythmes au sein de la pièce. Moins radicale, et
nettement moins monotone que l’œuvre initiale de Klein, « Mono
Tone in D » n’en reste pas moins un superbe moment de
(dé)composition autour de la guitare. Improvisée en live, « Of
What Once Was », seconde pièce qui donne son titre à l’album
voit Zeno van den Broek agrandir sa palette puisqu’il ajoute à la
guitare divers fields recordings et sons informatiques, et utilise
principalement son instrument fétiche comme une caisse de résonance
à travers laquelle transitent ces nouveaux éléments. Evidemment
plus adapté au live, où les notions de spatialité et de
physicalité prennent tout leur sens, « Of What Once Was »
n’en demeure pas moins, réduit au seul CD, un vibrant paysage
sonore se construisant peu à peu autour de nappes liquides et de
collines grisâtres et érodées, frappées par le martèlement de la
pluie, qui vont même jusqu’à parfois évoquer les climats
mortifères du dark-ambient. Une œuvre exigeante, qui demande des
conditions particulières (d’isolement, de météo, d’hygrométrie,
sans doute) pour se révéler pleinement, mais qui offre dès lors un
moment d’une grande richesse.
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